Pour s’orienter vers un scénario « sain » d’usage des terres mondiales, Philippe Mauguin, PDG de l’Inra, et Michel Eddi, PDG du Cirad, indiquent que des actions concertées entre de nombreux acteurs, en particulier « une coopération entre producteurs et entreprises agroalimentaires, société civile et gouvernements », et « des politiques publiques fortes » sont nécessaires.
Ils appellent à concevoir et mettre en œuvre :
- des politiques alimentaires et de santé pour consommer davantage de fruits, de légumes, de légumineuses, une plus grande diversité de céréales, et moins d’huiles, de sucres et de produits animaux (avec des variations selon les régions du monde)
- des politiques agricoles, environnementales et climatiques qui favorisent des pratiques agricoles réduisant les émissions de gaz à effet de serre et la dégradation des milieux, et mettent l’accent sur les interactions entre les composants biologiques des systèmes plutôt que sur l’apport massif d’intrants chimiques
- des politiques de développement et d’aménagement favorables à l’intensification des relations entre les zones rurales et urbaines et qui favorisent l’emploi en milieu rural.
Ils soulignent que « l’interdépendance des problèmes à traiter et l’impact environnemental planétaire » obligent à penser des stratégies et politiques intersectorielles à la fois « globale, nationale, régionale, et territoriale » et à mettre en œuvre des systèmes agricoles et alimentaires « beaucoup plus intensifs en savoirs » plutôt que consommateurs en ressources naturelles.
Des politiques publiques qui doivent être « pragmatiques », promouvoir la responsabilité sociétale et environnementale, afin de prendre en compte « les limites des ressources naturelles, le rôle de la matière organique du sol, pivoter vers une économie verte et jouer sur les complémentarités des secteurs public et privé » peut-on lire dans l’ouvrage Land Use and Food Security in 2050: a Narrow Road (chap. 17, p. 340).
Les investissements publics doivent être conçus pour engager le secteur privé vers le scénario « sain ». Un scénario qui nécessite la collaboration de tous les acteurs, économiques, sociaux et environnementaux.
La démarche Agrimonde-Terra est là pour aider les décideurs à identifier les leviers d’action à déployer pour s’orienter vers « les transformations indispensables de l’usage des terres pour préserver l’environnement, atténuer le changement climatique, garantir aux populations une alimentation saine et favoriser un développement rural plus inclusif », précisent Philippe Mauguin et Michel Eddi dans le journal Le Monde. « Cette prospective nourrit le dialogue entre science et société pour stimuler le partage des savoirs et la construction d’un avenir durable pour tous ».
Lire la Tribune parue dans Le Monde
https://www.lemonde.fr/idees/article/2018/11/14/cinq-scenarios-pour-l-avenir-alimentaire-de-la-planete-en-2050_5383175_3232.html